Sortir de chez soi, appuyer sur les boutons de l’ascenseur, ouvrir plusieurs portes avant d’accéder à la rue. Déserte. Le stress monte à cause de ce quelque chose d’inhabituel. La conscience est là, le danger vient de l’extérieur. Les médias nous abreuvent de nouvelles catastrophiques, donc déconcertantes. C’est sûr, elles le sont. Plus de 100 000 morts en France, ça existe vraiment.
Peur que le coronavirus me saute dessus ? Alors je m’invente un scénario catastrophe où le virus se collerait là, à un moment dévié de conscience. Le vilain virus en profiterait pour se plaquer sur ma main, sur ton doigt que je porterais tout naturellement à ma bouche.
Comment réaliser à chaque instant de vie que mes gestes les plus simples, les plus courants puissent me trahir ? Je me sens prise en faute par le mauvais geste que je n’aurais pas maîtrisé.
Mais on ne maîtrise plus rien. Le Coronavirus vient-il nous le dire à sa façon ? Personne ne maîtrise plus rien, riche ou pauvre, ministre ou travailleur lambda.
Je crois que la peur va tuer autant que le Coronavirus lui-même que l’on peut finir par s’approprier en faisant inconsciemment le mauvais geste. Peut-être aussi en laissant fonctionner la culpabilité dont nous sommes capables face aux plus démunis, aux plus exposés.
Mais le printemps est beau, il se montre et on le voit. Il nous en met plein la vue de ses couleurs et de ses camaïeux de vert. Regardons-le se renouveler au moindre souffle du vent, au moindre rayon de soleil.