Ce mot qui taquine mon réveil au petit matin, qui tourne en rond dans ma tête, avec son accent exotique et plein de soleil. Stambouliotes, ce sont tout simplement les gens d’Istanbul.
Il faut dire que depuis mon voyage en Arménie, je cherche à en apprendre plus long sur ces peuples qui ont su vivre ensemble, naturellement et familièrement dans la sérénité puis se sont entre-déchirés parce qu’on les y a poussés, parce que l’Arménie prospère était dérangeante donc un objet de convoitise.
Puis les uns ont nié leur histoire et les autres se sont imposés en victimes. Mais la souffrance, les douleurs rapprochent et les Arméniens, éparpillés comme chaque grain de la grenade, se rassemblent partout dans le monde au sein de communautés.
Je suis allée en Arménie et j’ai découvert ce petit pays réduit comme une peau de chagrin après le génocide de 1915. Située en Asie puisque c’est le seul territoire qui reste de la grande Arménie (1/10ème de sa superficie), elle est culturellement européenne. Autrefois objet de convoitises, elle est aujourd’hui enclavée entre la Géorgie, la Turquie, l’Azerbaïdjan et l’Iran. Autant dire qu’elle n’a pas les coudées franches, ce qui fait dire à ses occupants qu’elle est en semi guerre. Pas d’échappatoire avec une seule bonne route, pas de chemins de fer, pas d’accès maritime, sa seule mer intérieure est le lac Sevan. L’aéroport d’Erevan est donc l’outil essentiel et vital comme accès au pays.
Plutôt pauvre et rurale. Peu d’infrastructures récentes depuis que les Russes partis en 1991, ont abandonné les usines sans laisser d’outils. Les Arméniens qui, finalement, avaient tout pour être heureux surtout la santé, le travail et le logis, se retrouvèrent du jour au lendemain dénués de tout ça. Ils ont donc du mal à reconstruire tout ce qui a été déboulonné par les Russes et les villes aux usines et commerces jadis florissants, sont devenus comme des musée à ciel ouvert, témoins d’un passé soviétique opulent qu’on ne peut oublier.
Accueil chaleureux et bienveillant lorsque l’on rentre dans l’intimité des demeures arméniennes. La table est mise dans le jardin aux plantes luxuriantes, légumes du potager et fruits. On s’installe sur la terrasse abritée du soleil généreux pendant tout le séjour.
La restauration est simple, avec ses raviers étalés et remplis de crudités colorées et appétissantes, d’herbes aromatiques à profusion. Les viandes sont du pays, rôties et goûteuses, accompagnées la plupart du temps de pommes de terre. Quant à leurs noms arméniens, je ne vous les répèterai pas. La barrière de la langue est toujours dommage mais manger de bon appétit est une façon d’honorer cette merveilleuse cuisine et de remercier les hôtes.
Tout cela pour dire et surtout penser, pour ESPERER que Stambouliotes et Arméniens, dans la Turquie d’aujourd’hui, sont capables de se réconcilier pour peu que l’intelligence, l’intimité, l’amour soient capables de faire en sorte que les êtres s’aiment avec abnégation et vivent en paix.